Christian Letendre – de pionnier tekakwithien à thru hiker du sentier des Appalaches
Été 2009. Je suis en visite au camp. Je vais reconduire des pionniers à Moxie Pond pour la première journée de leur piste séniore.
Avant de rembarquer dans le 15 passagers pour retourner à Leeds, ma vessie m’invite à faire quelques pas sur le sentier pour m’éloigner des regards indiscrets.
Tout de suite, l’odeur de la piste m’emplit les narines et je me retrouve soudainement en 97, pionnier junior, à manger ma première poignée de GLLOQ et ma première cuillérée de chnoute au poulet. Puis en 99, au sommet du Katahdin, fier d’avoir marché le Maine au complet. Et en 2005, animateur inter et sénior, reconnaissant de pouvoir faire vivre cette expérience à des ados qui ne savent pas encore à quel point ce qu’ils sont en train d’accomplir va les suivre toute leur vie.
Bref, je prends une bonne bouffée d’air forestier et ça me frappe : je vais marcher la piste au complet. Je vais lâcher ma job et sous-louer mon appart pour faire le sentier from Georgia to Maine. Qui aurait cru qu’une pause pipi serait le point de départ d’une des plus grandes aventures de ma vie ?
Huit mois plus tard, je fais le premier de mes quelque cinq millions de pas sur l’Appalachian Trail. Une épopée de près de six mois qui allait me laisser avec des souvenirs indescriptibles, des amitiés impérissables et une barbe grandiose.
Et devinez quoi ? Tout ça ne serait jamais arrivé sans le Camp Tekakwitha. D’abord parce que je n’aurais probablement jamais connu l’existence de la piste Appalaches autrement. Mais surtout parce que grâce à mon passage au Camp, je savais que je serais capable d’aller jusqu’au bout. Que je ne lâcherais pas dès le deuxième des 3500 kilomètres qui s’étiraient devant moi !
Le Camp m’avait appris que même les montées les plus éprouvantes finissent un jour et que, plus souvent qu’autrement, la récompense qui nous attend au bout nous fait instantanément oublier les ampoules, la sueur et le fait qu’il y a une autre montée tout aussi difficile qui nous attend le lendemain.
Grâce au Camp, j’ai pu compléter ma trilogie de photos au sommet du Katahdin, qui immortalisent le pionnier de 15 ans, l’animateur de 21 ans et le thru-hiker de 26 ans.
D’ailleurs, si vous prévoyez monter le Katahdin bientôt, invitez-moi : en trois ascensions, je n’ai jamais connu autre chose qu’un beau ciel bleu pratiquement sans nuage. Mais ne m’invitez pas à monter le White Cap, par contre. À moins d’avoir un très bon imperméable !
Christian